Je suis un geek
Part I : mon côté “incompétent” social
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En cours préparatoire, CM1 plus précisément…
Avez-vous déjà essayé de faire quelque chose qui vous a démarqué des autres complètement ?
De mon côté, j’ai essayé de mettre en oeuvre les concepts de construction scientifique : j’ai essayé de faire tenir tous les livres que j’avais, afin de faire une cabane, sur ma table de cours.
Bien évidemment, au moment où j’ai réussi, je me suis rendu compte avec grande fierté que ma structure était suffisamment large pour que je puisse y mettre mes deux avants-bras et ma tête.
Ce que je fis aussitôt.
J’ai alors entendu un grand silence, je me suis reculé, et là j’ai vu avec horreur mon professeur qui me regardait, et… l’intégralité de la classe qui me regardait en souriant.
Tout le monde se marrait, alors que je suis intimement convaincu que personne n’aurait réussi à faire une structure aussi large avec aussi peu de moyens. Autrement dit, je faisais preuve d’une intelligence que je trouvais très bonne et personne ne l’avait compris, bien au contraire, tout le monde se moquait.
Cette histoire est restée ainsi longtemps gravée dans les mémoires. -
Au lycée, en troisième…
Avez-vous fait quelque chose qui vous a démarqué des autres complètement ?
Pour ma part, je suis allé avec deux chaussures différentes en cours.
J’ai eu une chance extraordinaire : personne ne s’en est aperçu. J’avais un ami, Wilfried : deux minutes avant la sonnerie finale qui m’aurait donné la possibilité d’aller me changer incognito, je lui confie la chose :
– “Wilfried, ne le dis pas, mais je te dis ça pour que tu rie un bon coup, surtout ne te moque pas, je pars les changer”.
Bien évidemment, il a explosé de rire, s’est levé, en regardant ouvertement mes chaussures, et les montrant du doigt, jusqu’à ce que le professeur et tous les élèves de notre classe, me regardent en souriant… on se retrouve, vous savez, exactement comme dans les films, où la personne a horriblement honte, et part en courant en entendant les quolibets des autres qui rigolent, et cherchent les mots les plus vexants…
Qu’est que les adolescents peuvent être méchants entre eux… -
Après le BAC…
Avez-vous fait quelque chose qui vous a démarqué des autres complètement ?
De mon côté, je suis parti en Angleterre. Mon Anglais était catastrophique. Pire : incompréhensible. A tel point, que lorsque j’ai débarqué à l’aéroport de Derby, j’ai demandé au chauffeur de m’amener à Saint-Christopher. J’ai dû lui répéter cela une dizaine de fois jusqu’à ce que, excédé, il me demande le papier et que je lui montre la destination écrite de la résidence étudiante.
Mon Anglais était affreusement mauvais, donc. J’allais à la fac Anglaise, et je faisais tête basse pour ne pas trop me faire remarquer. On passe sa journée à essayer vainement de happer quelques mots et de les coller les uns aux autres afin d’obtenir quelque chose de compréhensible, ce qui n’est pratiquement jamais le cas au début. Le soir, on se couche, avec plein de mots qui virevoltent dans notre tête, on essaie de se souvenir de ce qu’a dit le professeur, on stresse, et on croit qu’on n’y arrivera jamais.
Bien évidemment, c’est à cette occasion… que l’on m’a choisi pour faire un exposé avec un groupe d’Allemands.
Il y avait Hans, Peter et un troisième larron.
Ceux-ci ne me connaissaient pas, mais étaient extrêmement gentils et se sont proposés de m’aider un peu… donc je pris le parti de travailler et de faire mon exposé. Nous étions quatre, donc l’exposé était en quatre parties. Nous nous mîmes d’accord, Peter et moi, afin de savoir qui ferait quoi.Une journée s’était passée, lorsque Peter vint me voir à la cité et me dit que finalement il fallait remanier un peu tout ça. Il me donna de nouvelles planches. Je les pris, les amenai à ma chambre, et travaillai dessus.
Ensuite, fût-il réellement venu me dire qu’il fallait revenir en arrière et rester sur les premières planches, ou non ? Dieu seul le sait.
Mon piètre Anglais en était certainement la cause et je n’avais peut-être pas tout compris au moment même où il m’avait expliqué ce retournement de situation.
Toujours est-il que j’avais travaillé sur les nouvelles planches.
Le soir précédant mon exposé, je vis ma voisine de pallier, et je lui fis une petite présentation. Elle en conclut que c’était mauvais mais que ça pourrait passer, en travaillant encore. Moi, confiant en ce qu’elle m’avait dit, et persuadé que cela suffirait, je me couchai, rassuré.
Le lendemain arriva, et l’exposé commenca.
Quand on est très mauvais en Anglais, qu’on prépare certaines choses, tout doit se dérouler dans un ordre précis. Si ce n’est pas le cas, que faire ?
Je m’en souviendrai toute ma vie, et je vais vous dire pourquoi.
Hans fit sa présentation, puis vint au tour de Peter, et là je constatai avec stupéfaction que c’étaient les premières planches, pas les nouvelles !
Arragh ! Que faire ? Je pris mon courage à deux mains, ainsi que mes notes et arrivai devant le tableau. De là, trente têtes me regardèrent fixement.
Une silence de plomb s’abbatit sur la salle, et je ne sus pas quoi dire.
Je commencai alors à bégayer mes notes et je vis les têtes de devant changer de couleur, devenir mal à l’aise pour moi.
Je continuai, vaille que vaille, et j’eus soudain une idée : détourner un peu l’attention.
Je cliquai pour faire défiler les planches, mais là, ce fût encore pire, les planches ne correspondaint pas à ce que je disais, que dis-je, à ce que je bégayais !
Pour vous donner une idée de la honte que j’ai vécue, une des personnes sur les premiers rangs se cacha carrément la tête entre ses mains, afin de ne plus voir ni entendre cette partie absolument catastrophique de l’exposé.
Pourquoi est-ce que je vous raconte cela me direz-vous ?
Eh bien tout simplement parce que c’est la première partie de mon histoire, qui entre parfaitement dans la série : lesgeek
parraissent débiles et incompétents.
Part II : mes côtés “compétents”, mais qui ne servent à rien du point de vue social
…ou bien que très peu de gens font “naturellement” et qui dénote une intelligence disons… “cachée” :).
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Voici la suite de ma mésaventure en Angleterre :
Mécontent de ce que j’avais fait, je décidai de leur montrer que je n’étais pas aussi bête ou stupide que ce que j’avais laissé paraître. Comment un
geek
réagit-il dans ces cas là ?
Je pris le parti de me lier avec les Anglais, de m’éloigner des Français, et en parallèle j’achetai l’intégrale de Sherlock Holmès en Anglais.
J’avais avec moi une arme à toute épreuve : un formidable dictionnaire, le Harrap’s dans lequel tout était traduit, de la formule la plus vulgaire aux termes les plus archaïques de la langue Anglaise. Formidable.
Au lieu de suivre tous les Français qui se retrouvaient tous les soirs dans la salle commune à trinquer et rigoler entre Français, je me mis à lire mon livre, traduisit mot à mot, et me liai d’amitié avec Clare (prononcer “claire”), la personne qui s’occupait de la jeune fille handicapée qui logeait dans la chambre en face de la mienne. Je me mis à parler souvent avec elle, à fréquenter Ste (pronocer “sti”), mon autre voisin de pallier, un Anglais avec un accent aussi fort et peu compréhensible qu’il était chantant et agréable à entendre. Il était de Liverpool.
Quelques semaines passèrent, et mon Anglais progressa sans que je m’en fût réellement aperçu. Je notai juste qu’en boîte, le D.J. commençait à nous faire suer à vanter toutes les trois chansons les mérites de la bière ou la prochaine soirée qu’il ne faudrait pas manquer, alors qu’aux premiers jours de mon arrivée, je tendais l’oreillle le plus possible pour essayer de comprendre un mot de ce qu’il baragouinait.
Un soir arriva où tout le monde, les Français et tous les étrangers de la cité décidèrent de se réunir. On me demanda d’aller chercher Hans.
Vous savez, la personne qui avait fait son exposé avec moi. Je jure devant Dieu que tout ce que je dis est vrai : juste avant d’aller le chercher, je me mis en tête les quelques mots et expressions que j’avais apprises en Anglais, avec les “questions tag” (isn’t it ? isn’t she ? …) accompagnant certaines phrases. J’ouvris la porte et lui parlai alors en Anglais… que j’estimais très bon. En fait mon Anglais ayant énormément progressé en quelques semaines, j’en profitai pour lui poser des questions, lui demander où il en était, et quand il comptait arriver car tout le monde était déjà là.
Il me regarda avec un air ahuri et je jure encore une fois que je n’éxagère absolument rien : son visage se décomposait au fur et à mesure que je parlais.
Ce jour là j’eus ma plus belle revanche : il me regarda plusieurs fois dans la soirée avec des yeux ronds comme des billes. Il confia à l’une des Françaises qu’il n’arrivait pas à comprendre comment il était possible en deux ou trois semaines, de faire des progrès aussi phénoménaux. -
Les cours préparatoires
Le soir, quelques élèves restaient en “cours d’étude”, c’est à dire que nos parents (je dis “nos” parents car une vingtaine d’autres élèves étaient concernés) ne pouvaient pas venir nous chercher avant 18-19 heures.
Comme je savais lire, et que je m’ennuyais ferme (les devoirs ont rarement étés une passion chez un enfant), je pris un livre dans la bibliothèque du fond. C’était un livre qui racontait l’histoire de “Petitou”, une sorte de “Minipouss”, mais en plus âgé, pour vous donner un ordre d’idée. J’ai commencé à en lire un, puis deux, puis trois, puis, à la fin du mois, j’avais lu l’intégralité de la bibliothèque de notre école primaire.
Je suis allé voir notre professeur, et je lui ai expliqué que j’avais lu tous les livres de la bibliothèque, et je lui ai demandé, avec l’innocence de l’age (je le précise car d’autres personnes auraient pu faire cela uniquement dans le but de se faire remarquer ou dans n’importe quel autre but plus déguisé que le mien), s’il n’en avait pas d’autres. Comme c’était la première fois de toute sa vie d’enseignant qu’un élève avait tout lu, il s’est retrouve extrêmement embarassé, s’est excusé mais “il n’y avait rien d’autre, mon petit Olivier”. Donc je suis resté durant les deux années et demi qui ont suivi (fin du CE2, CM1 et CM2) sans aucun livre à lire, à part ceux que ma mère m’avait acheté.
Vous en connaissez beaucoup vous aussi des élèves qui ont lu l’intégralité de leur bibliothèque au CE2 ? -
Les labyrinthes
Je suis un dingue de labyrinthes. Ne me demandez par pourquoi, mais c’est comme ça. Depuis que je suis au collège, c’est à dire en sixième, les labyrinthes sont quelque chose qui me passionne. Je ne sais pas pourquoi.
Vous connaissez beaucoup de gens qui font des labyrinthes ?
Moi, pas. Et comme un bongeek
qui se respecte, non seulement je suis passionné par quelque chose dont 99,9 % de la société se moque, mais en plus je suis bon et je fais des choses assez originales, innovantes et que 99,9 % de la société ne pourrait pas faire ! Vous trouvez ça prétentieux. Peut-être, mais…
Vous connaissez beaucoup de personnes qui font des labyrinthes immenses qui ne peuvent être correctement imprimés que sur une page de un mètre cinquante sur deux mètres ? Vous ne me croyez pas ?
J’espère que votre ordinateur a beaucoup de mémoire, sinon vous n’arriverez pas à afficher cette image, ni cette image et celle là non plus.
Ce n’est pas tout, parce que de loin, ces labyrinthes forment une image !
Une image qui ne peut être vue qu’à bonne distance…
Donc, comme dirait Jérôme Bonaldi : c’est complètement inutile, donc forcément indispensable ! -
Les mains
Très jeune, en me lavant les mains, j’ai constaté que je ne les lavais pas “correctement”. Ce que j’appelle par “correctement”, ce sont les mouvement que l’on fait lorsqu’on se nettoire les mains.
J’ai donc adopté une nouvelle façon de me laver les mains, que je trouvais plus efficace, et plus hygiénique. Le point important, c’est que cette méthode, je l’ai trouvée, naturellement, et seul. Une beau jour, ma mère arrive, et me voit me laver les mains. Elle constate :
– Tiens c’est marrant, tu te laves les mains comme les médecins, et comme on nous l’a appris en école d’infirmières. Qui t’as appris ça ?
– Personne, je l’ai trouvé seul.”, lui ai-je répondu.
Je ne sais pas encore aujourd’hui si elle m’a cru, pourtant le fait de l’avoir trouvé seul n’est ni plus ni moins que la stricte vérité. -
La solitude
Un
geek
est souvent asocial. Il préfère être seul avec ses challenges psychologiques qui n’intéressent personne, plutôt que d’être avec un groupe d’amis à faire la fête.
Je me rappelle un jour où il y avait eu une très grosse grève d’essence. Moi, en prévision, j’avais rempli rempli à ras-bord mon réfrégirateur, et je suis resté trois jours complets sans sortir de mon appartement, sans voir le jour. J’étais bien. Donc je n’avais ni besoin de sortir, ni besoin de voir des gens. Leur parler en leur laissant des messages sur Internet me suffisait amplement !
Vous en connaissez beaucoup, vous, des personnes pour qui le fait de rester enfermé trois jours ne les dérange absolument pas ? -
Les clés
Nous avons trois verrous sur notre porte.
Donc cela implique d’avoir trois clés. Ajoutez-y les clés de voiture, les clés de la boîte aux lettres, les clés du travail, les clés du portail de la voisine et on commence un peu à s’y perdre.
Forcément, quand il s’agit d’ouvrir vite la porte, on met un temps fou.
Nous avons deux clés exactement identiques pour les verrous du haut et du bas de la porte. Mon neveu me dit un jour :
– “Olivier, pourquoi regarde-tu les clés avant de les mettre, elles sont toutes les deux les mêmes, tu ne peux pas les distinguer. Tu es obligé d’en essayer une et si elle ne convient pas tu essayes l’autre”.
Ce à quoi je répondis :
– “C’est bien simple. As-tu jamais remarqué qu’il y a un ordre dans les clés ? Que si tu les pose à plat d’un côté, elle sont dans un ordre précis et si tu les retourne elles sont dans un autre ordre ? C’est pourquoi j’ai mis les deux clés identiques côte à côte dans mon trousseau, et la plus près de la grosse clé de voiture, c’est celle du verrou haut.
Aviez-vous jamais remarqué qu’il y a un ordre dans les clés ? Qu’elles ne sont jamais mélangées ? Que si vous avez deux clés différentes (c’est un minimum), vous pourrez par la suite en ajouter autant que vous voudrez, et même si elles sont identiques ou presque, vous aurez absolument toujours un moyen de les différencier grâce à la distance qui les séparent des deux clés de “référence” ? -
Les aspirateurs de site
Enfin, et pour finir, voilà ce qui a été une passion et que j’espère voir devenir quelque chose de lucratif : les interrogations des sites Internet. Le jour où j’ai compris comment fonctionnait le langage
html
et comment on pouvait se connecter sur les sites Internet sans être une personne vivante, ça a été comme un déclenchement psychologique pour moi : il fallait que je réussisse à faire croire à n’importe quel site qu’un être humain venait se connecter et faisait tout une séquence d’actions, alors que ce n’était qu’une machine. C’est devenu un challenge psychologique, un leitmotiv.
Et j’en suis arrivé à un stade où mon outil peut aller aspirer, via un petit peu de configuration, n’importe quel site au monde prévu pour être lu par google.
Par exemple, le site pbase affiche des photos, mais si on veut en récupérer trop vite, il se rend compte que ce n’est pas un être humain derrière le clavier, et interdit l’accès au site pendant quelques secondes.
J’ai très allègrement contourné cette barrière, mais sachez que, une fois le challenge réalisé, je ne vais jamais plus loin. A partir du moment où j’ai vu que je devenais invisible et que le site ne voyait absolument pas que mon aspirateur était un robot, c’était gagné pour moi et je ne suis jamais allé plus loin.
J’insiste, avant de lire des remarques ou des commentaires désobligeants sur le “mais c’est interdit par la loi”.
Sachez qu’à partir du moment où l’on met du contenu sur Internet à diposition, il est par définition à disposition de n’importe qui.
Si, sur le site, il y a des textes définissant des copyrights ou des droits, à ce moment là, on a bien évidemment le droit d’exploiter le contenu, mais uniquement dans le cadre des textes écrits sur le site.
Par contre, rien, absolument rien ne nous interdit de les récupérer, et j’insiste : uniquement dans la mesure où l’on respecte les droits énumérés sur le site.
Par exemple, si le site précise que l’on a pas le droit d’exploiter son contenu dans un but lucratif, alors, on a toujours le droit de venir “lire”, par quelque procédé que ce soit, les informations, et on peut les exploiter tant qu’on ne les exploite pas dans un but lucratif.